Vous vous rappelez sans doute, quand vous étiez encore à l’école, la prise des présences au début de la classe. J’aimais observer les différences de tons de voix et l’attitude que celui-ci reflétait. À la fin du primaire, cela allait de la petite voix d’enfant à celle d’adolescent commençant à muer. Certains répondaient avec enthousiasme –et généralement j’en étais- d’autres avaient l’air de se diriger vers un peloton d’exécution… Certains, pas encore vraiment réveillés ou complètement dans la lune, ne répondaient tout simplement pas, obligeant l’enseignant-e à répéter plusieurs fois leur nom.
Aimant l’école (malgré l’intimidation terrible que j’y vivais, ça c’est un autre sujet, on y reviendra), plutôt joyeux de nature et me levant toujours de bonne humeur –ce qui agaçait d’ailleurs prodigieusement mon frère qui avait le réveil difficile, surtout quand je fredonnais en mangeant mon gruau…- je répondais ‘Présent’ avec un ton dynamique et un sourire adressé au prof. Les regards de certains camarades m’envoyait ce subtil message : ‘Téteux!’ On ne peut plaire à la fois à sa mère et à tout le monde, dit le dicton.
Dieu nous appelle ainsi par notre nom. Chaque jour. Avec amour et intérêt. Comme dans les débuts de l’histoire sainte : « Où es-tu, Adam? » Répondons-nous? Et comment répondons-nous? Dieu doit-il répéter souvent ses appels avant que nous réagissions? Si nous répondons, le faisons-nous avec empressement et joie? « Présent, Seigneur! Je suis là, à ton service! » Ou avec mollesse et passivité, sinon indiférence? « Je suis là, Seigneur, mais attends un peu, j’ai autre chose à faire, je manque de temps pour m’occuper de tes affaires, je serai à toi plus tard… »
De même pour les appels que m’adresse l’Église par la voix de ma communauté chrétienne. Suis-je heureux de répondre « Présent » quand on fait appel à moi, à mes capacités et mes talents, à mes ressources, avec enthousiasme et joie? Suis-je empressé à m’intéresser et m’informer à propos du vécu de mon Église locale, et à m’impliquer comme j’en suis capable? Malgré tout ce qui peut se dire de négatif sur le christianisme et l’Église, suis-je fier de faire partie de cette famille spirituelle qu’est la mienne, mon « groupe-classe » (puisque nous sommes toujours des ‘étudiants de la foi’)? Est-ce que j’y joue un rôle actif?
Alors que nous célébrons l’Ascension, dernière étape avant la Pentecôte, nous prenons plus que jamais conscience du nouveau mode de Présence du Christ en ce monde depuis sa ‘montée’ au Ciel. Ressuscité et dorénavant invisible à nos yeux de chair jusqu’à son retour à la fin des temps, notre Seigneur se rend ‘visible’ à travers ses disciples investis du Saint Esprit. Cela appelle clairement une réponse de notre part : notre présence, consciente, engagée, enthousiaste et créative, qui prolonge et continue celle du Sauveur, ici et maintenant. Une mission incontournable et vitale nous est confiée par Jésus au moment de son départ de la terre. Il compte instamment sur chacune et chacun de nous. Oui, en ce jour de fête le ‘réveil’ est sonné, nous nous levons et redisons joyeusement et résolument : ‘Présents’!