Passage, traversée, ce sont des synonymes du mot ‘Pâques’. Aujourd’hui, nous célébrons le passage de Jésus de la Mort à la Vie. Et il nous emmène avec lui dans ce passage, si nous le désirons. Comme pour les israélites qui traversèrent la Mer Rouge à pieds secs, Jésus nous entraîne à sa suite vers plus de Vie et de Liberté profonde. Nous connaissons l’ultime destination : le Ciel, la Vie éternelle en sa compagnie, en face à face avec le Père, dans la Joie de l’Esprit. Cette Communion profonde avec Dieu au-delà de la mort, alors qu’il n’y aura plus ni pleurs, ni souffrances, ni maladie, commence dès aujourd’hui puisque nous l’aimons et qu’il nous aime, et que nous vivons tous les défis de l’existence en sa compagnie.
Depuis que les eaux ont crevé pour que nous puissions venir au monde, nous avons vécu tant de passages pour grandir, avancer et bâtir notre vie. Pensons seulement au moment où il nous a fallu quitter la chaleur de la maison pour aller à l’école, pour entrer sur le marché du travail, ou habiter dans notre propre appartement. Pensons à l’adolescence qui, pas toujours facile à vivre, nous a amenés à l’âge adulte, avec ses privilèges, oui, mais aussi ses responsabilités, ses devoirs. Que de passages vécus pour passer de l’égocentrisme stérile –plutôt naturel- au retournement vers l’autre et l’Autre –plutôt surnaturel.
La mort est notre ultime traversée sur l’autre rive et peut nous angoisser profondément. Pour certains, elle représente un trou noir, un néant appréhendé, un inconnu extrêmement insécurisant. Mais en ce jour de grande fête, la plus importante de la vie chrétienne, Pâques nous rappelle que l’Amour divin est plus fort que la mort, et que cette dernière est une porte vers une vie merveilleuse où tous nos espoirs, toutes nos faims et soifs de bonheur et de plénitude seront comblées. Il s’agit de croire et d’accueillir tout simplement ce grand cadeau de notre Seigneur.
Au cœur de toutes nos morts, souvent nécessaires pour aller plus loin et plus haut dans notre croissance humaine et spirituelle, Dieu, dans son infinie Miséricorde, nous apprend le sens profond de l’existence et de notre destin final. Guidés par sa Providence, nous sommes appelés à accepter de laisser derrière nous ce qui est devenu caduque, ce qui nous enchaîne et nous alourdit inutilement. Quand on s’abandonne à cette conviction, à cette perspective sur la vie, tout devient plus lumineux, tout prend son sens réel.
Et lorsque, malgré tout, le doute fait irruption dans notre cœur ou que nous ne saisissons pas le plan de Dieu, lorsque nous nous croyons dans les ténèbres et le désert, et cela peut malheureusement arriver souvent, particulièrement lorsque la vie se fait difficile ou cruelle, il nous faudra se redire que Christ est –c’est lui qui l’a affirmé- ‘Lumière, Chemin, Vérité et Vie’; qu’Il ne peut nous mentir, nous tromper ou nous trahir. Il faudra se rappeler que ses Promesses sont fiables et s’accomplissent assurément…éventuellement. Même si sa façon d’agir envers nous peut s’avérer mystérieuse et hors du champ de notre compréhension humaine limitée, il nous invite à lui faire confiance et à le suivre. Comment ne pas s’appuyer sur Celui qui a tout donné pour nous, s’est dépossédé de sa propre vie, dans des conditions ignominieuses –lui qui est allé au bout de sa Mission d’incarner l’Amour trinitaire, non seulement en paroles mais surtout en actes. Avons-nous besoin d’autres preuves? JOYEUSES PÂQUES!