Au fil de mes 38 ans de travail en Église à temps plein, et mes 50 ans d’implications variées dans de nombreuses communautés (incluant le Café Chrétien, et la pasto-jeunesse), je me suis formé une vision de ce que pourrait être la vie ecclésiale pour les années à venir. Mes nombreuses lectures (je suis un accro de la lecture!), m’inspirent aussi quelques pistes pertinentes, que je vous partage.
En relisant ce que j’aime appeler ‘mon histoire sainte’, c’est-à-dire mon cheminement chrétien (je vous suggère de l’écrire aussi, la vôtre), je prends conscience que j’ai été privilégié de vivre de nombreuses expériences marquantes et ‘grandissantes’ dans ma foi. Et je constate que ces dernières se sont vécues majoritairement au sein de plus ou moins petits groupes d’appartenance, que ce soit les groupes de prière charismatique, le Café Chrétien, les groupes de partage biblique et de vécu, les comités de liturgie, etc. Me sentant personnellement reconnu, apprécié et aimé, n’étant pas qu’un numéro perdu dans la foule des immenses assemblées paroissiales (dans ma jeunesse, il y avait encore besoin de placiers, dans nos églises, tellement elles étaient pleines…) mais me réalisant, m’épanouissant comme une ‘pierre vivante’ dont on bénéficiait des talents, de la simple présence, et de l’apport concret sur le terrain. Je me rappelle, entre autres, le service de pastorale dans mon école Secondaire. Nous étions 3200 élèves à Calixa-Lavallée. Mais mon implication au Salon de la Pastorale (et aussi en musique et chant) me permettait de sortir de l’anonymat et de la solitude vécue dans ‘la mer de monde’ qui constituait mon immense école de six étages, afin d’être ‘quelqu’un’ pour quelqu’un, pour quelques-uns. Que de beaux projets j’y ai vécu, comme l’organisation d’une exposition intitulée ‘Qui est Jésus?’ présentée lors d’une journée ‘porte ouverte’, les Eucharisties du midi dans l’intimité chaleureuse des six à dix participants, etc. Cela a sans doute contribué à faire de moi l’homme et le prêtre que je suis. Comme beaucoup de leaders chrétiens d’aujourd’hui, je suis plus que jamais convaincu que l’avenir de notre Église passera par la valorisation des petites cellules déjà existantes, et à inventer, de différents types et formes, inspirées d’écoles de spiritualité variées selon les besoins réels des gens. Étouffés que nous sommes par l’entretien d’immenses bâtisses qui ne répondent plus aux besoins actuels, nous dépensons beaucoup d’argent, de temps et d’énergie à ‘sauver les meubles’ alors que cela pourrait tellement être investis autrement afin de mieux servir les gens, qui sont notre priorité, et aller davantage dans le sens profond du message du Christ dont nous sommes porteurs et responsables. Cela n’est pas facile à entendre, je le conçois aisément, mais il faudra pourtant poser des gestes prophétiques et accepter certains ‘deuils’ dans les années à venir afin de rester fidèles à l’Esprit Saint et à notre Mission. Un leadership fort et en santé sera nécessaire. En Église, nous en parlons depuis des décennies, et peu se fait réellement. J’ai souvent entendu dire par des évêques que notre avenir passe par une Église ‘grande communauté de petites communautés’. Les temps sont venus de le réaliser sur le terrain. En fait, ce réseau de petites ‘familles’ chrétiennes existe déjà un peu, certaines chez-nous même (ou dans le quartier). On pense aux Cursillistes, à la méditation chrétienne, aux groupes de prière (Groupe Saint-Michel, Heure de la Miséricorde, prière mariale, etc.) aux Fraternités de différents genres (comme celle de nos jeunes adultes, reliée à Charles de Foucauld), aux équipes d’ados (comme la chorale Harmonie des Anges), à la Saint-Vincent de Paul, et j’en passe. Remarquez bien que je parle de ‘réseau’ : clairement ces cellules ne doivent pas vivre en ‘silo’, isolées les unes des autres. Chacune doit apprécier et bénéficier du charisme et de l’apport des autres. Sortons de nos ‘chauds cocons’ et de nos zones de confort. –À SUIVRE LA SEMAINE PROCHAINE