Oui, vraiment, je l’avoue, je le suis. Quand Alain Faubert, évêque auxiliaire à Montréal, nous suggère de ‘Noëlliser’ notre quartier en ce temps de l’Avent-Noël pandémique, je ne peux que me reconnaître dans ce vœu. J’ai toujours désiré cela, particulièrement depuis que je suis prêtre. Partager largement la Bonne Nouvelle de l’Incarnation de Dieu.
Je pense que je suis tombé dedans dans mon enfance. J’adore le temps de l’Avent-Noël. Mes parents mettaient un grand soin à préparer la maison pour que mon frère et moi vivions un Noël magique. Curieusement, contrairement à la plupart des familles du voisinage, pas de croyance au Père Noël ou aux lutins, chez-nous. On n’avait rien contre ça, mais on mettait vraiment tout l’accent sur le véritable sens de la fête : la Nativité (d’ailleurs, j’aime bien appeler la fête ainsi, car ça la distingue de tout le battage commercial qui l’entoure), l’anniversaire de naissance de notre bien-aimé Sauveur. Et c’est lui qui apportait les cadeaux (je le trouvais bien jeune pour ce faire, mais après tout, le petit Jésus est capable de faire des miracles, non?).
À cette époque, on ne faisait pas la crèche et le sapin avant le 15 décembre (et jamais de sapin sans la crèche, d’ailleurs), mais dès le premier dimanche de l’Avent, il y avait une ambiance spéciale dans la maison. Parmi les incontournables dès la fin-novembre ou le début-décembre : le ‘33 tours’ de Noël de Richard Verreau et son fameux ‘Venez, divin Messie’. Tellement que je n’ai jamais accepté qu’on ne le fasse pas au premier dimanche de l’Avent depuis que je préside des eucharisties.
Mes parents nous aidaient à fabriquer un calendrier de l’Avent (rien à voir avec celui de Loto-Québec…). Pas de chocolat ou de surprise spéciale chaque jour, mais une invitation à ‘préparer notre crèche intérieure’, c’est-à-dire notre cœur, pour l’accueil de Jésus. Nous le faisions par un petit moment de prière tous les soirs, une réflexion sur notre journée et un effort pour voir ce qu’on pourrait faire mieux le lendemain, afin d’aimer, prendre soin les uns des autres et ressembler davantage à Jésus. Préparer notre crèche intérieure voulait dire faire du ménage dans notre vie pour réussir à nous débarrasser de nos défauts, nos mauvaises habitudes, nos péchés, pour que Jésus soit accueilli dans une âme bien propre, lumineuse et chaleureuse le 25 décembre. Il ne faut donc pas être surpris que dès mon très jeune âge, Jésus ait fait partie de mon quotidien, de mon lever à mon coucher. Il était réellement mon meilleur ami. Et cela ne s’est jamais démenti.
Au fond, mes parents partageaient avec mon frère et moi ce qui les habitait comme vrais chrétiens, et je leur en suis immensément reconnaissant. Ils ont ‘investi’ de la bonne manière. La magie de Noël se vivait dans la simplicité et la foi, dans l’Essentiel. Notre foyer prenait les plus belles couleurs de la fête; les cartes de vœux avec leurs beaux brillants s’exposaient dans le salon, les grosses lumières colorées du sapin, reflétées par les glaçons et les magnifiques boules, créaient dans la maison une ambiance douce et réconfortante. Ça sentait les bons beignes, la tarte aux pommes et la tourtière. Mais le premier invité à notre table, c’était toujours le Fils du Père, le Christ vivant, notre frère. Il y avait plusieurs cadeaux sous le sapin (sans jamais cacher la crèche avec le petit Jésus de cire quasi ‘sacré’ de maman!) mais nous savions quel était le plus beau cadeau de Noël. Et nous commencions notre déballage en déposant un tendre baiser sur ses pieds.