Je vous ai déjà partagé combien j’aime Noël. Mais ce que je préfère le plus dans l’année, c’est la Semaine Sainte. D’abord parce qu’elle nous conduit à la plus grande fête chrétienne, Pâques. Mais aussi parce que, dépouillée de tout le ‘décoratif’ de Noël, elle nous garde davantage dans l’intériorité et l’essentiel. Sans oublier qu’elle arrive au printemps, ce qui n’est pas à dédaigner. La fin de l’hiver et le réveil de la nature, avec la neige qui fond, la sève qui monte, les bourgeons qui éclatent, les premiers crocus qui se pointent un bout de feuille, le soleil qui prend de la force, sont en joyeuse synthonie avec les événements de la Semaine Sainte, qui nous font passer virtuellement de la mort à la Vie abondante!
Pour moi, les meilleurs souvenirs de ma vie chrétienne viennent de ce temps béni. Je me rappelle, adolescent et jeune adulte, combien j’aimais me faire un coin-prière dans le salon familial, lequel évoluait visuellement jusqu’au matin de Pâques, avec la permission et à la plus grande joie de mes parents. Nous y prenions d’ailleurs de beaux moments de prière en famille. En paroisse, en tant qu’organiste, dès l’âge de 15 ans j’ai pu participer de très près à l’élaboration et l’animation de la Semaine Sainte. Je me sentais privilégié de vivre activement ce qui s’avère si riche de sens et source de grandes bénédictions.
Commençant au dimanche des Rameaux et de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ, cette période exceptionnelle prend une intensité spirituelle formidable dès le début du Triduum pascal, qui s’ouvre avec la messe du Jeudi Saint, mémoire de la dernière Cène, actualisation du don total du Fils de Dieu.
Cette année, en raison de la pandémie, la Semaine Sainte sera plus sobre que jamais dans son déploiement. Plusieurs gestes et pratiques habituelles seront interdites ou vécues autrement pour éviter la contamination. Mais, malgré tout, réjouissons-nous : rappelons-nous que l’an passé, les églises étaient complètement fermées, à cette période. L’absence d’une partie de son ‘cachet’ extérieur n’empêchera pas que la Grande Semaine sera un moment magnifique et très profond de déploiement du Mystère central de notre foi. Avec la nouvelle que nous apprenons tout juste (jeudi midi) dans la joie, nous pouvons à nouveau accueillir 150 fidèles à St-Gilles et 75 à St-Louis, pour chaque célébration! Notre niveau de stress vient de diminuer de beaucoup!!! De plus, la diffusion internet, que nous poursuivons, nous permettra de rejoindre encore plus de personnes, entre autres les gens malades retenues à la maison ou ayant un horaire contraignant, ou les personnes qui sont plus à risque de contracter le virus, sans oublier celles qui ne demeurent pas dans les limites de notre paroisse mais désirent profiter de ce que nous offrons ici.
Plus que jamais, il me semble pertinent de suivre Jésus du moment de son dernier repas avec ses apôtres jusqu’au matin de sa résurrection, en passant par sa passion, son chemin de Croix, sa mort ignominieuse et la nuit du tombeau. Nous rendons présent à la mémoire du coeur le drame de Jésus, en unissant nos souffrances et celles du monde entier à celles de notre Seigneur : en mourant avec Lui, nous ressuscitons avec Lui, nous promettent les Écritures. Ce n’est pas de la poésie. C’est la réelle Victoire de l’Amour et de la Vie qui s’incarne dans notre aujourd’hui concret. Accueillons à cœur ouvert dans l’Action de Grâces.