Ce fut court, comme séjour, mais intense. Mon arrivée en pleine pandémie (que je croyais à la veille de se terminer quand j’ai accepté ce poste) a fait que les deux dernières années, nous avons dû faire davantage de la ‘gestion de crise’ que de la pastorale comme nous l’aimons et la désirons.

J’ai fait ce que j’ai pu, avec les possibilités que nous avions, bien réduites en raison des nombreuses restrictions que nous avons endurées. On ouvre, on ferme, on ouvre à 10, à 25, à 50%, on ne peut pas faire ci, on ne peut pas faire ça… Un ‘Zoom’ n’attendait pas l’autre… À mes débuts dans la paroisse, je n’avais jamais fait de vidéo-comférence, et je ne peux pas dire que c’est ce que je préfère dans la vie. J’ai eu dès lors des difficultés à faire connaissance avec la communauté, créer des liens, me familiariser en personne avec vous et apprécier toutes les ressources du milieu. Progressivement, la déception et la frustration devant les barrières pandémiques ont grugé mon énergie et ma santé.

Aujourd’hui, mes limites et mes fragilités exacerbées m’amènent à vous quitter pour la retraite ‘près des eaux tranquilles’. L’homme propose, Dieu dispose. J’aurais bien aimé accomplir mon mandat en entier, mais ce n’est plus possible pour moi. Je crois toutefois que mon passage ici ne fut pas inutile. Une bonne personne de la paroisse me disait récemment : ‘Pour moi, vous avez été le curé de la pandémie; grâce à vous on a pu continuer notre vie paroissiale par le biais des médias sociaux (Facebook, YouTube).’ Je pense effectivement avoir été pertinent à cet égard, et aussi par mon écriture régulière dans le semainier et mon blogue. Je m’en réjouis. Un autre paroissien m’affirmait, devant la perspective de mon départ imminent, que j’avais été un bon curé de transition. Tant mieux! Je suis convaincu que je ne suis pas venu ici pour rien. Le Seigneur sait ce qu’il fait et il n’y a rien pour rien dans l’ordre de la Grâce. Il ne vous abandonnera jamais. De ces presque deux années partagées, nous avons sans doute beaucoup appris les uns des autres et grandi dans notre foi.

Merci de votre accueil. Je suis reconnaissant de vos générosités envers moi. Bravo pour votre dévouement dans la Mission. Pardon si, par malheur, je vous ai fait de la peine ou n’ai pas répondu à vos attentes. Nous continuons notre route chrétienne, chacun-e selon nos appels profonds. Notre Dieu n’est pas un Dieu de routine et d’habitudes. Il nous conduit toujours vers des sentiers nouveaux, des situations inédites. Son Esprit nous incite à aller vers l’avant et vers le haut, et à prendre de courageuses décisions. Il nous conduit toujours par le juste chemin (Psaume du Bon Pasteur), je n’en ai jamais douté de toute ma vie de disciple, quelles que soient les circonstances.

Sachez que votre souvenir restera vivant en moi, vous faites partie de mon cheminement humain et chrétien à jamais; je vous porterai constamment et ardemment dans ma prière. Je vous invite à regarder vers l’avenir, à garder votre espérance bien dynamique, et à sérieusement penser ‘relève’ et transmission de notre héritage extraordinaire. Soyons de bons mentors pour les générations montantes. Veillons à passer le flambeau.

Recevez avec chaleur et gratitude les pasteurs qui viendront après moi pour vous servir. Par-dessus tout -comme l’exprimait si bien Saint Paul aux Colossiens-  ‘qu’il y ait l’amour entre vous, c’est lui qui fait l’unité.’ Au revoir, mes sœurs et frères bien-aimés en Jésus! –De mon cœur de pasteur : toute mon affection et ma bénédiction, Jean-Pierre, prêtre