Quand j’étais petit, j’entendais dire de mes parents qu’ils allaient faire une retraite fermée. Une pour les hommes, une pour les femmes, me semble-t-il. Je vous avoue que ça ne sonnait pas positif à mes jeunes oreilles. Dans ma tête d’enfant, ‘Retraite fermée’ rimait avec ‘renfermé’, ‘emprisonné’, ‘étouffé’. Je me demandais bien pourquoi mes parents aimaient à se faire enfermer au nom de la religion… Pourtant, je voyais bien leur joie et leur satisfaction après leur expérience.
Plus tard, j’ai compris qu’il s’agissait d’un moment de grâce que mes parents s’offraient pour se ressourcer spirituellement, pour approfondir leur foi, seuls ou avec d’autres membres de la communauté catholique. Ils en revenaient restaurés, revivifiés et motivés à continuer leur mission chrétienne. Les temps de prière, les prédications des prêtres, les partages avec des gens de tous âges rassemblés pour la même raison, leur avait donné un nouvel élan.
N’est-ce pas ce que je viens de vivre, pendant le mois de confinement qui vient de se terminer (partiellement, mais quand même). J’ai l’impression d’avoir vécu une retraite fermée, moi aussi. Les eucharisties que je vous ai offertes à partir de ma petite chapelle improvisée, et les temps d’Adoration dans l’église, m’ont été très agréables et m’ont fait du bien à moi le premier.
L’an passé, lorsque tout a fermé pour plusieurs mois, j’étais en arrêt de travail pour des raisons de santé, et j’avais vécu cela en me demandant ce que j’aurais fait si j’avais été en ministère actif. Et bien, voilà, je l’ai expérimenté. Même si j’ai vécu une importante solitude, comme vous tous, j’ai profité de cette période pour lire, prier davantage, approfondir ma relation avec le Seigneur, me ressourcer par le visionnement de vidéos très enrichissantes sur Youtube et certains sites web. Tout en tentant de vous offrir des diffusions internet pouvant vous nourrir et garder bien vivant le lien entre vous et votre communauté, à travers son pasteur.
Je dois vous faire une confidence : je suis caméraphobique. Je suis très à l’aise derrière la caméra et devant l’ordi pour faire des montages. Mais je ne me suis jamais imaginé en train de vivre l’Eucharistie et de faire homélie devant une caméra. Les jeunes générations sont super à l’aise devant les caméras, omniprésentes dans leur vie depuis leur naissance. Ce ‘troisième œil’ ne les intimide pas du tout, pour la plupart. Au contraire. Et peut-être pas assez… Mais, je l’ai fait par amour pour le Seigneur et pour vous (depuis octobre, nous diffusons sur Facebook une messe dominicale. J’avais tellement le trac, la première fois). Et, savez-vous quoi? Contre toutes attentes personnelles, j’ai aimé ça! J’y ai pris plaisir et j’avais hâte à notre rendez-vous quotidien. Comme quoi il ne faut jamais se laisser arrêter et bloquer par nos peurs. Accepter d’être devant une caméra (surtout seul dans une pièce) pour proclamer l’Évangile (de bien des façons diverses) et animer la prière, demande une bonne dose d’humilité et d’audace : le Seigneur nous donne ce qu’il faut, et un peu plus encore, je peux en témoigner. Si cela va dans le sens de sa volonté, il nous inspire ‘d’avancer en eaux profondes’, dans la foi, et n’est jamais loin pour nous prendre par la main lorsque nécessaire.
Finalement, ce mois de confinement n’a pas été une retraite si fermée que ça… Intimiste, intériorisée, mais, à partir de là, paradoxalement plus ouverte que jamais sur le monde.